lundi 27 septembre 2010

Retour du Pakistan



Me voila de retour du Pakistan, beaucoup plus rapidement que prévu.
Je serai restée 4 semaines là-bas, au lieu des 2 mois prévus initialement. Pourtant les camions sont très beau là-bas!

Rien de grave mais je n'ai pas réussi à m'adapter au contexte culturel pakistanais qui est assez spécial. C'est assez difficile à expliquer, surtout à travers un blog, mais les aspects positifs et négatifs de cette expérience ne s'équilibraient pas du tout, ce qui m'a conduit à jeter l'éponge et à demander à rentrer plus tôt.
J'ai donc attendu l'arrivée de mon remplaçant, tout juste sorti de Bioforce et tout heureux d'avoir sa première mission, avant de mettre 8 jours pour rentrer d'Hyderabad à Lescheraines.

MSF a tout à fait compris cette demande, et ils sont près à me faire repartir sur une autre mission, dans un autre contexte. Je pense donc repartir pour ne pas rester sur cet échec, avant d'envisager une nouvelle reconversion.

Pas beaucoup de photos à vous montrer car il était interdit de prendre des photos par mesure de sécurité.
Mais c'était quand même un beau programme pour une urgence de grande ampleur. Pour la partie eau, quand je suis partie on distribuait 280m3 d'eau potable par jour, à une population ciblée d'environ 30 000 personnes.

dimanche 12 septembre 2010

Salam Alekoum (c'est très phonétique)

Pas facile de donner des nouvelles. On a maintenant un accès internet sur la base, mais très limité et très lent...
Le Pakistan est un pays très...spécial. La culture est vraiment particulière, très traditionnaliste, et pour les femmes, même pour le occidentales, c’est très difficile. Une femme n’est pas censée se déplacer sans son mari ou son père, ne peux pas travailler, ne doit pas être exposée aux regards... On ne voit pas de femmes dans les rues. Et les hommes ne parlent pas aux femmes et elles ne sont absolument pas considérées... En tant qu’occidentales qui venons seules travailler ici on a une image assez déplorable je pense. Les gens ne sont de se fait pas très accueillant. Et comme on ne peut pas sortir de la base après 18h, on n’a pas l’occasion de découvrir la vie locale.
Par mesure de sécurité on doit se ‘fondre’ dans la population donc porter les habits traditionnels : tunique et pantalon, un peu comme au Bangladesh mais avec des manches longues, une tunique qui descend jusqu’aux genoux, et un foulard sur la tête. Et comme il fait 40°C et que c’est très humide c’est super agréable pour bosser.

Je gère la distribution d’eau grâce à des camions. On essaie d’approvisionner environ 15000 personnes pour le moment. Ce sont des déplacés qui ont fuit les inondations et se sont regroupés ici car Hyderabad est une grande ville. On n’est donc pas directement dans les inondations. De nouveaux déplacés arrivent chaque jour, l’eau continuant à monter plus au Nord et ils manquent d’eau potable mais aussi de tentes, de nourriture, de jerricans, d’assistance médicale.
Le rôle de MSF est d’apporter une assistance médicale, et de l’eau pour éviter les épidémies. Pour le moment pas d’épidémie en vue, mais ça peut changer très vite. On ne travaille donc pas à l’amélioration des conditions de vie proprement dites, ces personnes n’étant pas censées rester ici, d’autres organisations doivent jouer ce rôle mais pour l’instant MSF est seul sur la zone. Le PAM doit faire des distributions de nourriture prochainement.

Ici c’est le désert, ce n’est pas beau ; contrairement au Nord du pays, montagneux et apparemment beaucoup plus beau, mais aussi encore plus traditionnaliste...

Comme je ne travaille qu’avec des journaliers hommes, et sur le terrain toute la journée, c’est assez difficile. Ils ne me parlent pas, ne me regardent pas, sauf pour me dévisager quand ils ne sont pas vus. Les moins instruits sont finalement les plus tolérants et les plus accessibles, et après qq jours ils dépassent cette barrière culturelle.
Les déplacés ont moins de problèmes à me parler car ils ont énormément de demandes mais la plupart du temps ils sont assez ‘agressifs’ verbalement, critiques le gouvernement qui ne fait rien, et les tensions sont de plus en plus visibles du fait du manque de tout. Quand on arrive avec un camion ils en demandent 4.

C’était en plus la période du ramadan, autre coutume assez difficile pour les non musulmans. On est quasiment obligé de faire comme eux car interdiction de manger et boire en public la journée, c’est considéré comme une injure, et comme je suis sur le terrain à part en se cachant dans la voiture c’est pas facile de boire un minimum dans la journée pour ne pas être complètement déshydratée, surtout pour moi qui boit comme un trou...
Enfin le ramadan est fini depuis ce samedi (11 septembre...), 4 jours de congés et pour les expats 4 jours d’interdiction de sortir de la maison, par mesure de sécurité (fête donc monde dans les rues, déplacements de personnes, menaces d’attentats de la part des talibans, 11 septembre, menaces d’américains très intelligents de brûler le Coran à cause de la mosquée près de Ground Zero à NY....) Mais ici c’est calme, différent du Nord où ils ont tous des armes...
En plus personnes ne veut travailler pour ces fêtes ; on a quand même pu avoir qq camions et géré ça sans sortir, mais du coup c’est 4 jours avec pour moi pas de boulot du tout...un peu long !!


Cette mission n’est pas difficile au niveau boulot, ce n’est pas très technique, juste de la chloration de l’eau de rivière et gérer les rotations des camions, mais plus difficile au niveau du contexte, surtout de la place des femmes.
Je m’attendais à monter des bladders et des stations de traitement partout, mais en fait ça ne va pas si vite que ça, du fait aussi que l’urgence – au niveau médicale – n’est pas si grande que ça car pas d’épidémie de choléra ou autre diarrhée pour le moment. Mais la préparation est aussi importante.

En espérant vous donner des nouvelles dans pas trop longtemps!